vendredi 21 mars 2025

mercredi 19 mars 2025

19 mars 1962, les « Accords d’Evian » et le « cessez-le-feu » ont débouché sur l’épuration ethnique des Européens d’Algérie et sur le massacre des Harkis

Il y a 63 ans, les 18 et 19 mars 2022, la France signa les « accords d’Evian » et ordonna le « cessez-le-feu » en Algérie. Un double anniversaire : celui d’un abandon et celui  d’une tragédie.
Le 18 mars 1962, à 17h 40, le général de Gaulle offrit en effet l’Algérie au FLN alors que l'armée française l’avait emporté sur le terrain. A cette date, 250 000 Algériens servaient sous le drapeau tricolore, soit cinq fois plus que les maquisards de l’intérieur et les membres de l’ALN stationnés en Tunisie ou au Maroc.
Sans la moindre garantie sérieuse, les évènements qui suivirent le démontrèrent tragiquement, plus d’un million d’Européens et plusieurs centaines de milliers de musulmans attachés à la France furent ainsi abandonnés au bon vouloir de l’ennemi d’hier (voir à ce sujet mes livres « Algérie l’Histoire à l’endroit » et « Histoire des Algéries » ). 
Puis, le 8 avril 1962, par un référendum ségrégationniste puisque le pouvoir gaulliste l’avait ouvert aux seuls Français de métropole, les Français d’Algérie, pourtant les premiers concernés, en ayant été écartés (!!!), « les accords d’Evian » furent ratifiés par 90,81% de « oui ».
 
Aujourd’hui, les enfants de ces 90,81% paient à travers le « grand remplacement » et les humiliations algériennes, l’indifférence, le soulagement, la lâcheté et pour certains, la trahison de leurs parents...

vendredi 14 mars 2025

La gauche française, cette gardienne vigilante du mensonge national algérien

Le pouvoir algérien dispose de relais fidèles en France. Ces auxiliaires dévoués forment à la fois le poumon de la diplomatie parallèle d’Alger et le porte-voix de ses services. Héritiers des « porteurs de valises », on trouve parmi eux des journalistes complaisants ou incultes et des militants poursuivant un combat révolutionnaire de destruction de la société française. Tous véhiculent et popularisent dans l’espace médiatique l’histoire officielle algérienne écrite depuis 1962 et à laquelle l’école de Benjamin Stora donne un label « scientifique ». Contrôlant à la fois l’université et le monde des médias, ils ont réussi à imposer en France l’exclusivité de la fausse histoire sur laquelle repose la « légitimité » du pouvoir algérien. Toute critique de ses dogmes déclenche automatiquement le tir groupé de médias soumis ou stipendiés.
 
Oser simplement écrire que la nation algérienne n’existait pas en 1830 quand se fit le débarquement français à Sidi Ferruch, entraîne ainsi immédiatement l’accusation de « nostalgique de l’Algérie française » ou de « partisan de l’OAS », donc la disqualification et la mise au ban.
Pourtant, comme l’écrivait en 1936 Ferhat Abbas, le futur premier chef d’Etat de l’Algérie indépendante :
 
« Si j’avais découvert la « Nation Algérienne », je serais nationaliste et je n’en rougirais pas comme d’un crime. Les hommes morts pour l’idéal national sont journellement honorés et respectés. Ma vie ne vaut pas plus que la leur. Et cependant je ne ferai pas ce sacrifice. L’Algérie en tant que Patrie est un mythe. Je ne l’ai pas découverte. J’ai interrogé l’Histoire ; j’ai interrogé les morts et les vivants ; j’ai visité les cimetières : personne ne m’en a parlé. » (Ferhat Abbas, Paris : Éditions Garnier Frères, 1981, p. 27.)
Le général de Gaulle lui-même déclara :
« Depuis que le monde est le monde, il n’y a jamais eu d’unité, ni, à plus forte raison, de souveraineté algérienne. Carthaginois, Romains, Vandales, Byzantins, Arabes syriens, Arabes de Cordoue, Turcs, Français, ont tour à tour pénétré le pays, sans qu’il y ait eu, à aucun moment, sous aucune forme, un Etat algérien ».
(Conférence de presse du général de Gaulle, le 16 septembre 1959).

Au sujet de la période turque qui dura des années 1500 jusqu’à 1830, soit trois siècles, il est tout simplement interdit de soutenir qu’elle ne fut pas celle de la gestation d’une nation algérienne.

Et pourtant, la vérité historique est que la Régence turque d’Alger n’était pas une possession oubliée en terre africaine, mais un élément essentiel du dispositif impérial ottoman. À la différence de celles de Tripoli et de Tunis, la Régence d’Alger demeura en effet une colonie de la Porte ottomane sous autorité de Beys nommés à la tête de Beylik ou provinces, puis de Deys placés à la tête de Deylik. Toujours à la différence des Régences de Tripoli et de Tunis, il n’y eut jamais de véritable rupture entre Alger et le centre de l’empire ottoman. Voilà qui explique pourquoi, il n’y eut pas ici d’évolution vers une monarchie nationale comme cela fut le cas en Tunisie avec les Husseinites, ou à Tripoli avec les Karamanli.

Quant à la période française, elle est toujours présentée par les zélés amis du régime algérien, comme une période d’exploitation et de massacres. Un histrion médiatique a même osé prétendre récemment que les exactions françaises y furent à ce pont emblématiques que le nazisme s’en inspira…Inutile en revanche de chercher dans ces médias alignés sur la doxa du FLN, le legs que la France laissa à la jeune Algérie en 1962. A savoir 54 000 kilomètres de routes et pistes, 80 000 avec les pistes sahariennes, dont 31 routes nationales dont près de 9 000 kilomètres goudronnés ; 4 300 kilomètres de voies ferrées ; 4 ports équipés aux normes internationales, 23 ports aménagés dont 10 accessibles aux grands cargos et 5 pouvant être desservis par des paquebots ; 34 phares maritimes ; une douzaine d’aérodromes principaux ; des centaines d’ouvrages d’art (ponts, tunnels, viaducs, barrages, etc.) ; des milliers de bâtiments administratifs, de casernes, de bâtiments officiels ; 31 centrales hydroélectriques ou thermiques ; une centaine d’industries importantes dans les secteurs de la construction, de la métallurgie, de la cimenterie, etc. ; des milliers d’écoles, d’instituts de formations, de lycées, d’universités ; en 1962, plus de 800 000 enfants étaient scolarisés dans 17 000 classes, soit autant d’instituteurs dont un tiers de musulmans ; un hôpital universitaire de 2 000 lits à Alger, trois grands hôpitaux de chefs-lieux à Alger, Oran et Constantine, 14 hôpitaux spécialisés et 112 hôpitaux polyvalents, soit le chiffre exceptionnel d’un lit pour 300 habitants. Tous ces équipements, toutes ces infrastructures, tous ces établissements ainsi que les personnels qui les faisaient fonctionner avaient été payés par la France avec l’argent et l’impôt des Français.

Mais, dans le ciel « serein » de la propagande et de la désinformation, un coup terrible a été porté par Boualem Sansal au cœur même de la fausse histoire algérienne fabriquée par le FLN depuis 1962. L’écrivain a en effet osé faire connaître au grand public une vérité connue des historiens sérieux, mais interdite de publicité, à savoir qu’avant la colonisation française, l’ouest de l'Algérie faisait partie du Maroc.

Pour encore aggraver son cas, Boualem Sansal ajouta que, durant la guerre d’indépendance, hébergés et aidés diplomatiquement, financièrement et militairement par Rabat, les dirigeants algériens s’étaient engagés à ce que, une fois l’indépendance obtenue, soient restitués au Maroc des territoires qui lui avaient été arrachés par la colonisation. Or, après 1962, non seulement Alger n'a pas respecté sa parole, mais, plus encore, a déclenché contre le Maroc la guerre des Sables de 1963…

C’est donc pour avoir osé toucher au mythe fondateur d’une Algérie historiquement une et indivisible, crime très sévèrement puni par le Code pénal algérien, que Boualem Sansal a été emprisonné. Le « Système » qui l’a pris en otage et qui dirige l’Algérie, ne peut en effet tolérer la moindre atteinte au dogme national, toute remise en cause de la fausse histoire de l’Algérie représentant une menace existentielle pour lui.

Une fausse histoire qui hante d’ailleurs un non-dit algérien résumé d’une phrase par Mohamed Harbi quand il écrivit que « L’histoire est l’enfer et le paradis des Algériens ».

« Enfer » effectivement, car l’histoire montre que l’Algérie n’existait pas avant 1962, d’où ce complexe existentiel qui habite ses dirigeants et qui interdit chez eux toute analyse rationnelle.  

Mais, paradoxe, cette histoire est en même temps « Paradis », parce que, pour oublier qu’elle est un « Enfer », ces mêmes dirigeants algériens ont fabriqué une artificielle épopée valorisante à laquelle ils sont condamnés à faire semblant de croire…

Dans cet exercice d’équilibrisme schizophrénique, ils sont aidés par la gauche française devenue par complaisance et ethnomasochisme la gardienne vigilante du mensonge national algérien…

Pour en savoir plus 

Algérie, l’Histoire à l’endroit. Les dix grandes controverses de l’histoire
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Histoire des Algéries des origines à nos jours
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samedi 1 mars 2025

L'Afrique Réelle n°183 - Mars 2025

Sommaire

Dossier
- L’Algérie dans le piège des hydrocarbures
- La Libye, cœur de la nouvelle stratégie russe en Afrique
- La nouvelle géopolitique du Sahel
- Peul contre Dogon, le  retour à la longue histoire
Histoire
- Les Peul : des réfugiés climatiques depuis le néolithique ?
- La prise d’Alger : 5 juillet 1830


Editorial de Bernard Lugan

Boualem Sansal et les frontières de l’Algérie

C’est pour avoir déclaré au magazine Frontières que « Quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc : Tlemcem, Oran et même jusqu’à Mascara. Toute cette région faisait partie du royaume », que  Boualem Sansal a été jeté en prison en Algérie. 
Or, historiquement Sansal a raison comme je le démontre, cartes à l’appui, dans mon livre Histoire des Algéries des origines à nos jours.

Durant la période coloniale, le Maroc fut  en effet territorialement amputé, à la fois à l’Est, et au Sud : 

- A l’Est, la France créa l’Algérie en unifiant des territoires qui n’avaient jamais constitué un ensemble politique, et en lui rattachant les provinces marocaines du Touat, de la Saoura, du Tidikelt et du Gourara, ainsi que les agglomérations de Tindouf et de Béchar,  l’ « Orient marocain » en un mot.

- Au Sud, l’Espagne amputa le Maroc de la Saquia el Hamra et de l’Oued ad Dahab dont elle fit la colonie du Sahara occidental. 

Appuyé sur l’histoire et sur le droit international, le Maroc a constamment soutenu que les lignes de démarcation établies unilatéralement par les colonisateurs français et espagnol n’étaient pas opposables à ses droits historiques, même si ces derniers avaient été mis sous tutelle durant plusieurs décennies à l’époque du Protectorat. 
L’Algérie s’est tout au contraire arc-boutée sur l’état de fait colonial, c’est-à-dire sur le maintien des frontières nées de la colonisation, que ces limites aient été de véritables frontières ou de simples lignes de démarcation administratives à l’intérieur d’ensembles coloniaux. Et cela, en vertu du principe édicté par l’ONU selon lequel « les frontières des Etats nouveaux sont établies d'après les frontières des anciennes provinces coloniales auxquelles ces Etats succèdent ». 

Certes, mais il importe de le redire, ce principe ne s’appliquait pas au Maroc, pays souverain, mais seulement, et comme l’écrit très clairement l’ONU, aux « Etats nouveaux » créés par la colonisation, c’est-à-dire à la plupart des pays africains, dont l’Algérie, et non à l’Etat marocain  millénaire.

Plus encore, non contente d’hériter des frontières coloniales tracées à son profit par la France aux dépens du Maroc, l’Algérie formula des exigences insolites au sujet du Sahara occidental, un territoire immémorialement marocain et sur lequel elle n’avait, et par définition, aucun droit.

En réalité, enclavée dans une Méditerranée fermée par le détroit de Gibraltar, l’Algérie inventa la fiction d’un « Etat sahraoui » vassal dont la création lui aurait permis de disposer d’une ouverture sur le grand large atlantique. Ce faisant, l’Algérie indépendante s’affirmait donc comme l’héritière directe de la fraction la plus ultra du colonialisme français, celle qui avait un temps nourri le projet d’enlever le sud marocain au Maroc afin d’offrir une fenêtre atlantique à l’Algérie française.

mercredi 26 février 2025

Jean-Michel Apathie, bilieux et triste porte-voix du régime algérien

Jean-Michel Apathie, cet histrion qui proposait de raser le château de Versailles, n’a pas inventé l’accusation délirante qu’il porta sur les ondes il y a quelques jours. Une accusation selon laquelle, non seulement la France aurait commis des dizaines « d’Oradour sur Glane » en Algérie, mais plus encore, que les méthodes nazies auraient été inspirées par l’exemple colonial français en Algérie, notamment par l’affaire de Sétif en 1945.

Or, ces accusations qui viennent directement de l’histoire officielle algérienne ont été popularisées en France en 2005 par l’historien décolonial Olivier Le Cour Grandmaison qui a osé soutenir que la colonisation de l’Afrique en général – et celle de l’Algérie en particulier –, fut une entreprise d’extermination annonçant la Shoa !!!

Cette thèse outrancièrement radicale et aussi totalement idéologique qu’anachronique, fut alors sévèrement dénoncée par Gilbert Meynier et Pierre Vidal-Naquet qui écrivirent à son propos :
« Assimiler peu ou prou le système colonial à une anticipation du 3° Reich, voire à un « précédent inquiétant » d’Auschwitz, est une entreprise idéologique frauduleuse, guère moins frelatée que l’identification, le 6 mai 2005 à Sétif, par le ministre des Anciens moudjahidines, porte-voix officiel du président Bouteflika, de la répression coloniale aux fours crématoires d’Auschwitz et au nazisme […] Ou alors, si les massacres coloniaux annoncent le nazisme, on ne voit pas pourquoi la répression sanglante de la révolte de Spartacus, ou encore la Saint-Barthélemy, ne l’auraient pas tout autant annoncé… En histoire, il est dangereux de tout mélanger. […]. Le texte l’Oliver Le Cour Grandmaison, comporte nombre de schématisations idéologiques, de jugements tranchés, voire d’outrances inadmissibles pour un historien […] A le lire, on ne peut s’empêcher de poser la question : un sottisier peut-il tenir lieu d’œuvre de réflexion et de synthèse historique ? […] L’air du temps de la dénonciation médiatique ne suffit pas à arrimer à la science des convictions et à faire d’Olivier Le Cour Grandmaison un historien plausible. Le contexte social, économique et politique actuel est encore fécond qui continuera à générer de telles tonitruances idéologiques à vocation surtout médiatique. ».
 
Meynier, G et Vidal-Naquet, P., (2005) « Coloniser Exterminer : de vérités bonnes à dire à l’art de la simplification idéologique ». Esprit, décembre 2005, pp 162-177.
 
Pour la réfutation détaillée de la fausse histoire de l’Algérie et de l’idéologie décoloniale, on se reportera à trois de mes livres :
- Algérie l’Histoire à l’endroit
- Histoire des Algéries des origines à nos jours
- Pour répondre aux décoloniaux, aux islamo-gauchistes et aux terroristes de la repentance

jeudi 20 février 2025

Tchad : pourquoi le soutien de Mahamat Déby aux milices soudanaises constitue un risque grave pour son régime, pour le Tchad, et pour la stabilité régionale.

A mon communiqué du 19 février 2025 ayant pour titre « Tchad : Mahamat Deby a-t-il misé sur le « mauvais cheval » ? il manquait, une fois n’est pas coutume, la dimension ethno-politique sans laquelle les évènements ne peuvent être compris[1].

Dans la guerre civile du Soudan, qui, depuis avril 2023, oppose les Forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (FSR), de Mohamed Hamdan Dagalo alias Hemeti,  le président tchadien Mahamat a pris le parti des FSR. Or, les FSR sont issues des Janjawid, milice tristement célèbre pour ses atrocités commises lors de la deuxième guerre du Darfour débutée en 2003 contre les Fur, les Massalit et les Zaghawa (voir à ce sujet mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours).

Or, ces trois ethnies transfrontalières sont ulcérées de voir que le président tchadien a décidé de soutenir ceux qui ont quasi-ethnocidé les leurs.  Résultat, les FAS arment actuellement des rebelles tchadiens dont l’objectif est la prise du pouvoir à Ndjamena, afin de priver les FSR de leur base arrière. Or, comme je l’ai écrit dans mon précédent communiqué, à la différence de son père, Mahamat Déby qui n’a ni ses capacités militaires, ni son envergure politique, se retrouve avec une armée profondément divisée et un pouvoir fragilisé face à des rebelles aguerris, équipés et soutenus par l’armée soudanaise. Un Mahamat Déby qui, de plus, ne pourra pas être sauvé par une intervention de la France puisqu’il a fait fermer ses bases militaires…Voilà pourquoi une grande fébrilité agite actuellement la classe politique tchadienne.

Le plus grave est que le choix de Mahamat Déby menace de faire voler en éclats l’alchimie ethnique et politique tchadienne avec le risque d’un retour à la terrible guerre civile qui a ravagé le pays avant la prise de pouvoir par Idriss Déby Itno. En plus de cela, Mahamat Déby s’est coupé d’une partie du socle militaire zaghawa qui faisait la force de son père.

Or, toute la vie politico-ethnique tchadienne dépend des rapports internes de longue durée, des alliances, des ruptures et des réconciliations plus ou moins éphémères des ethnies nordistes autour desquelles s’est écrite l’histoire du pays depuis l’indépendance. C’est autour d’elles que se sont faites toutes les guerres du Tchad depuis 1963. C’est de leurs relations que dépend le futur du pays, la majorité de la population n’étant que la spectatrice-victime de leurs déchirements et de leurs ambitions. Or, l’alignement du Tchad sur les FSR fait éclater au grand jour leurs divisions.

Il faut en effet bien avoir à l’esprit que les Zaghawa, les Toubou du Tibesti (les Teda), les Toubou de l’Ennedi-Oum Chalouba (les Daza-Gorane) et les Arabes du Ouadaï sont divisés en une multitude de clans et de sous-groupes régulièrement prêts à s’affronter. Ainsi, les Zaghawa du clan Bideyat, celui d’Idriss Déby Itno, n’ont cessé de se diviser. Pour mémoire, les frères Timan et Tom Erdibi, les propres neveux d’Idriss Déby Itno, furent en guerre contre lui.
Mahamat Idriss Déby, l’un des fils d’Idriss Déby Itno est de mère gorane. Gorane est le nom arabe désignant les Toubou de l’Ennedi et d’Oum Chalouba dont la langue est le daza. Lui-même a épousé une Gorane. D’où la méfiance de certains Zaghawa qui considèrent qu’il n’est qu’en partie des leurs. Même si, par le passé, des alliances plus qu’étroites ont pu régulièrement associer Zaghawa et certains clans Gorane, les actuels évènements du Soudan font renaître les ferments de division, certains Zaghawa considérant ainsi que le soutien aux FSR pourrait être compris comme une rupture avec eux.

Autre point, n’oublions pas qu’Hinda, l’épouse  d’Idriss Déby Itno, est une Arabe du Ouadaï et que, dans la guerre civile soudanaise, les Arabes penchent du côté des FSR.
Il est donc évident que le choix de Mahamat Déby de soutenir les FSR fait en réalité éclater la triple alliance ethno-clanique constituée par Idriss Déby , une alliance qui était le socle même de son pouvoir.

Dans ce contexte, les rebelles tchadiens qui combattent aujourd’hui aux côtés des FAS sont utilisés par ces dernières pour tenter de renverser le pouvoir à Ndjamena afin de priver les FSR de leur base arrière tchadienne. La manœuvre initiée par les FAS qui  est claire est mise en pratique depuis plusieurs mois : porter la guerre au Darfour, fief des FSR, après avoir brisé le siège d’El-Facher, afin de couper les routes d’approvisionnement de ces dernières depuis le Tchad. Une manœuvre en forme de mouvement tournant qui se précise encore davantage à la lumière des récents succès militaires des FAS.

Voilà pourquoi, en plus d’avoir peut-être misé sur le « mauvais cheval », Mahamat Déby pourrait avoir soulevé le couvercle de la cocotte-minute ethno-politique tchadienne…
 
[1] Pour l’évolution de la situation militaire au Soudan on se reportera à l’article de Leslie Varenne intitulé « Guerre au Soudan, le Tchad pris à son propre piège » publié dans Iveris et dans Mondafrique.

mercredi 19 février 2025

Tchad : Mahamat Deby a-t-il misé sur le « mauvais cheval » ?

Dans la guerre civile du Soudan, qui, depuis avril 2023, oppose les Forces armées soudanaises (FAS) du général Abdel Fattah al-Burhan, aux Forces de soutien rapide (FSR), de Mohamed Hamdan Dagalo alias Hemeti, en soutenant ce dernier, le président tchadien Mahamat pourrait avoir misé sur le « mauvais cheval ». Résultat, les FAS arment actuellement des rebelles tchadiens dont l’objectif est la prise de pouvoir à Ndjamena, ce qui priverait les FSR de leur base arrière. Or, à la différence de son père, Mahamat Déby ne pourra pas être sauvé par une intervention de la France puisqu’il a fait fermer ses bases militaires… Explications.

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mardi 11 février 2025

Pourquoi Donald Trump sanctionne-t-il très sévèrement l’Afrique du Sud ?

Directement inspirées par le wokisme, l’idéologie communiste et la pensée décoloniale, quatre lois sud-africaines ont déclenché la fureur du président Trump. Le 2 février 2025 ce dernier a donc décidé la coupure des subventions à l'Afrique du Sud. Le 5 février, le secrétaire d'Etat Marco Rubio a annoncé le boycott du sommet du G20 à Johannesburg les 20 et 21 février 2025. Le 7 février 2025 le président Trump a signé un "Executive Order" qui acte la cessation de toute aide à l'Afrique du Sud et qui prévoit d'accueillir les réfugiés afrikaners victimes de la politique raciste du gouvernement noir sud-africain.
De telles décisions s’en prennent directement au mythe de la « Nation arc-en-ciel », acte de foi obligatoire de la bien-pensance planétaire. Explications et détails.


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